Courbevoie Triathlon

Triathlon de Deauville - Récit de Jérémy


L’objectif de la saison était enfin arrivé ! Le triathlon longue distance de Deauville, édition 2014 ! Mon premier long, ma première natation en mer, mon premier parcours vélo aussi ardu, mon premier semi après avoir roulé 96.5 kms, tant d’éléments inconnus qui m’empêchaient de dormir depuis une semaine. On a beau essayé de visualiser la course, l’effort, la souffrance, tant qu’on n’y est pas, on ne sait pas…
Tout commence le mercredi soir avec la préparation de la nutrition. Les gels et les barres énergétiques trônent près des boissons et autres tupperware de riz pour le petit déjeuner d’avant-course. Je me dis que j’en emmène trop mais mieux vaut cela que pas assez.
Les choses sérieuses débutent le jeudi soir avec la préparation des affaires. La combi est prête, les chaussures nettoyées et le vélo tout beau tout propre, prêt à dévaler les routes du pays d’Auge. Je suis avec minutie ma liste d’affaires à emmener. Le stress se fait sentir. Dans un peu plus de 24 heures, je m’élancerai à corps perdu dans la Manche pour m’arrêter 6h après si tout va bien.
Nous partons le vendredi vers 15 heures avec ma femme et ma fille. Le coffre de toit est plein à craquer, le vélo est sur le porte-vélo et le coffre est plein lui aussi. Nous partons pour… 2 jours… L’intendance d’un sport comme le triathlon n’a vraiment rien à voir avec le foot où un petit sac suffisait.
Arrivés à Deauville vers 17 heures, nous rejoignons notre modeste hôtel pour y déposer nos affaires et mon vélo pour ensuite prendre la direction de la plage pour le retrait du « pack athlète ». Il contient les dossards, les sacs de transition, la puce électronique et les divers autocollants à mettre sur le casque, le vélo et les sacs de transition.
Nous rentrons à l’hôtel après un petit resto bien sympathique pour préparer tranquillement mes affaires. Je me décide alors à tester mon vélo pour vérifier que tout va bien. C’est la meilleure idée que j’ai eu cette année. 5 minutes après mon départ, ma chambre à air arrière explose, sans doute pincée par le pneu neuf installé en milieu de semaine. Je me retrouve sur le parking de l’hôtel vers 21h à changer ma chambre à air. N’en ayant qu’une de rechange, je prie pour qu’il y en ait sur les stands des exposants près du parc à vélo. Je refais un tour pour vérifier que cette chambre à air tient et cela a l’air d’aller. Je m’endormirai avec un stress supplémentaire… Comme s’il n’y en avait pas déjà assez.
Je me couche vers 23h pour un réveil prévu à 8h15.
Le jour J ! Le réveil sonne, j’étais déjà réveillé, angoissé par la natation en mer… Et par mon stock de chambre à air épuisé. J’avale mes œufs durs, un peu de riz et direction la plage. Je décharge le vélo et mes sacs et c’est accompagné de mes chéries que je rejoins les planches, les fameuses. Je passe par le stand Specialized pour me ravitailler en chambres à air, ouf ils en ont !
Nous croisons Ben et Gab, deux copains du club. On partage nos sensations du moment, ça fait du bien ! Et puis nous rejoignons le parc à vélo où je retrouve François, David, Daniel, Pascal et les autres. Je croise également les filles de notre relai féminin les Triplettes de Deauville Sarah, Fanny et Mandana. Nous allons déposer nos vélos dans le parc et accrocher nos sacs de transition sur les racks. Il est 10h30, il est temps de se changer, le départ étant dans moins d’une heure.
Nous enfilons nos tri-fonctions, nous plaisantons, prenons plein de photos de groupe. Mika et Fernando nous ont rejoint, l’ambiance est au beau fixe malgré l’angoisse qui monte.
Il est 11h10, il est temps de zipper les combinaisons et de rejoindre la plage. J’avale un gel et fais quelques pompes pour m’échauffer qui feront marrer les gars ! Les derniers bisous aux familles, les dernières photos telles des guerriers s’en allant défendre leur patrie.
Il est 11h25, le départ approche, on y est ! 6 mois de préparation pour quelques heures d’effort, de souffrance, de plaisir, je ne sais pas encore… Daniel me prodigue ces quelques précieux derniers conseils et le speaker donne le départ.
Deux boucles de 950m en mer nous attendent. Nous trottinons jusqu’à l’eau, Daniel me dit d’avancer encore avant de nager, j’attends et hop, je me jette à l’eau la tête la première. Après quelques secondes de water-polo la tête hors de l’eau, je m’installe en crawl à deux temps pour amorcer ma nage. Je me sens bien, l’eau est bonne, je ne suis pas stressé. L’impression d’être dans ma piscine, tranquille. La première bouée approche. C’est la guerre ! Tout le monde serre à l’intérieur, certains passent sous la bouée ou à droite. C’est le BORDEL !!! Ca fait peur, vraiment ! Le passage redoutable d’un triathlon, le voilà !
Je me dirige tranquillement vers la 2e bouée et j’aperçois François à ma gauche. Je l’encourage, il ne m’entend ni ne me voit. Nous arrivons sur la plage pour la sortie à l’australienne. Je suis à bout de souffle et il faut pourtant courir 2-3 minutes pour retourner dans l’eau. J’aperçois ma femme, je suis bien, les encouragements des participants du club au CD du lendemain font chaud au cœur. Je me lance pour une deuxième boucle, la dernière. Au loin les premiers sont déjà entre la 1e et la 2e bouée. Je finis plus fort que la première boucle pour une natation en 44 minutes dont je ne suis pas peu fier, moi le débutant en natation.
Je rejoins le parc à vélo et m’aperçois que je sors devant David et Daniel et juste derrière François, quel plaisir. Je m’installe à côté de lui pour enlever ma combi et enfiler mes chaussettes et AIEEE, une énorme crampe à l’ischio gauche. Eric qui nous regarde avec sa famille derrière les grilles souffre avec moi. J’en rigole. Je demande à François si ça va, il me répond que oui. Je lui dis que j’ai kiffé la natation comme jamais. Il éclate de rire. Il part pour récupérer son vélo, je sais que je ne le reverrai pas.
J’enfile tant bien que mal ma deuxième chaussette et je rejoins mon vélo pour 96.5 kms de route. Je pars avec Daniel qui sera mon point de mire pendant une dizaine de kilomètres. Je m’arrête quelques secondes pour embrasser ma femme et ma fille, et hop c’est parti pour plus de 3 heures de vélo ! La première difficulté arrive après quelques minutes, la fameuse côte de Saint-Laurent et ces 15% de dénivelé au début qui passent à 17 sur la dernière portion. Elle fait mal, très mal ! Il faudra la grimper deux fois de plus ! Le parcours est ensuite assez roulant. J’en profite pour boire et manger. Tout va bien. Les descentes sont techniques. Le triathlète devant moi perd une gourde qui se coince sous sa roue arrière. Il parvient à s’en débarrasser, plus de peur que de mal ! J’évite à mon tour une gourde tombée devant moi. Oufff ! Je rattrape Daniel, puis Guillaume, leur demande si tout va bien, ils sont OK.
Je continue ma remontée, je suis vraiment bien. Le deuxième passage dans la côte de Saint-Laurent fait moins de dégâts que le premier. Je continue sur ma lancée et profite d’une bosse pour admirer Sylvain Sudrie qui me prend un tour. Le futur triple vainqueur de l’épreuve est impressionnant de facilité !
Arrive la troisième et dernière boucle. Dans un peu plus de 30 bornes, il sera temps de courir un semi-marathon. J’en souffre d’avance. Les 15 derniers kilomètres à vélo sont une vraie corvée. J’ai soif, je suis fatigué, j’en ai marre d’être sur le vélo. Je regrette alors de ne pas avoir fait plus de longues sorties à vélo. Je suis prévenu pour l’an prochain… Je dépose enfin mon vélo pour enfiler mes running. Une crampe au mollet droit me calme assez rapidement. J’effectue le premier tour de course à pied avec des crampes dans la jambe droite. Je décide donc de ralentir. Je m’arrête à chaque ravito pour m’hydrater. Je souffre… Au deuxième tour, j’entends David me lancer « tu me rattraperas pas Jerem !!! », j’avoue que sur le coup, je n’y fais pas attention. Il fait chaud, ça brûle de l’intérieur, de l’extérieur, de partout ! Quelques kilomètres plus tard, j’aperçois David juste devant moi. Il me dit qu’il est cuit. Je lui propose qu’on finisse ensemble. Je ne sais pas si j’aurais fini autrement… Je croise ma femme et ma fille à chaque tour. Tout le monde nous encourage. Nous courons en binôme depuis maintenant quelques kilomètres. Il en reste une dizaine. Nous savons que nous allons aller au bout mais dans quel état ?!? Le staff nous arrose avec un jet d’eau tellement la chaleur est étouffante. Le tracé nous fait passer près du port où il n’y a personne, c’est dur. Le retour le long du bitume est éprouvant. J’aperçois Guy le long de la ligne d’arrivée avec Christelle et Laurence. Je leur tape dans la main. Un petit coup de boost tel un gel énergétique !
Arrive enfin le dernier tour. J’ai demandé à ma femme de m’attendre avant la ligne d’arrivée pour finir avec ma fille. C’est ma seule motivation pour terminer ce half Iron Man. David accélère pour terminer au sprint. Je prends ma fille dans mes bras, je l’embrasse et je termine en marchant tranquillement avec elle. C’est fini, je suis HALF IRON MAN !!!
Je retrouve ma femme qui me dit qu’elle est fière de moi. Je rejoins les copains au ravito d’après course. Une bonne bière (3-4 pour certains…) et un bain dans l’eau froide me redonneront un peu la pêche. J’enfile mon t-shirt de finisher et porte ma médaille autour du cou. Je suis fier d’avoir fini mais déçu par le chrono de 6h22 et la souffrance pendant le semi-marathon. Je me promets de faire mieux l’an prochain.
Nous regagnons nos hôtels respectifs avant de nous retrouver chez Dorothée et Daniel pour un super barbecue plein de rires et d’anecdotes. C’est l’esprit léger que nous allons nous coucher, laissant le stress et l’angoisse d’avant-course aux participants du CD le dimanche après-midi.